Le lac Crève-Faim est niché sur le plateau appalachien, dont le territoire a été sculpté par le retrait des glaciers il y a environ 13 000 ans. Les sols de la région sont principalement composés de matériaux grossiers charriés par le glacier (qu’on appelle moraine). Ainsi, le lac se trouve dans une cuvette de gravier, entre deux eskers, et on trouve ici et là de gros blocs erratiques abandonnés par les glaciers. 

Le canton de Buckland

Limité au nord-ouest par les seigneuries de La Durantaye, de Saint-Michel et de Livaudière, le canton de Buckland avance une étroite bande de terre sur son côté ouest entre les seigneuries de Livaudière, de La Martinière et de Jolliet, offrant ainsi une figure irrégulière. Au nord-est, au sud-est et au sud-ouest, il joint par des lignes droites les cantons de Mailloux, de Standon et de Frampton.

Extrait de la carte de 1855 Canada East or Lower Canada  par Joseph Colton (Source : BAnQ)

Son relief appalachien possède des sommets assez considérables près de la limite sud-est, notamment la montagne Fillion (692 m) et le mont du Midi (915 m), qui fait partie de l’ensemble montagneux que constitue le massif du Sud. Le reste du territoire, aux reliefs variés, est irrigué par des petits tributaires de la rivière Etchemin qui coule à l’ouest, tout près du canton, dont la rivière des Abénakis et la rivière aux Billots, et est baigné par quelques petits lacs, parmi lesquels se distingue celui curieusement nommé Lac Crève-Faim, situé à cheval sur la limite nord du canton.

Le canton est érigé en 1806. Le toponyme Buckland reprend probablement le nom d’un ancien village du sud de l’Angleterre, aujourd’hui inclus dans l’agglomération londonienne. Le terme buckland désigne un fief possédé en vertu d’un titre de propriété et s’oppose à folkland, qui désigne un terrain détenu en vertu de la coutume. Il pourrait peut-être aussi s’agir du patronyme d’un géologue anglais, William Buckland (1784-1856), bien que ce dernier ait été un peu trop jeune lors de la proclamation du canton pour que cela soit vraisemblable. 

Les premières concessions y sont faites en 1846. Les débuts de la colonisation remontent à 1847, grâce à une société de colonisation mise sur pied par le grand vicaire Mailloux, apôtre de la colonisation dans la région de Bellechasse et qui a laissé son nom au canton voisin.  

Notre-Dame-Auxiliatrice de Buckland

Le nom du canton de Buckland est transféré à la paroisse Notre-Dame-Auxiliatrice de Buckland, fondée en 1857 et érigée canoniquement en 1882. Le nom désigne par la suite la municipalité de paroisse, créée en 1885 et dont le territoire provient en partie du canton de Buckland et en partie de celui de Mailloux.

Baignée par la rivière Armagh, Notre-Dame-Auxiliatrice de Buckland est située dans le plateau appalachien, à la croisée des routes 279 et 216, dans le sud de la MRC de Bellechasse, entre Saint-Nazaire-de-Dorchester à l’ouest, et Saint-Philémon à l’est. Son relief vallonné au pied du massif du Sud lui a valu son slogan municipal, « Une montagne de paysages ». La municipalité est surtout caractérisée par des activités agricoles, forestières, acéricoles et piscicoles.

Notre-Dame-Auxiliatrice-de-Buckland (Source : Wikipédia)

Saint-Damien-de-Buckland

Vers la fin des années 1840, des colons venus des paroisses environnantes s’installent dans ce qui allait devenir le village de Saint-Damien. En 1859, la municipalité des cantons unis de Buckland-et-Mailloux voit le jour. Cette appellation rappelle que le territoire municipal est issu de deux cantons, Buckland et Mailloux, respectivement proclamés en 1806 et 1863. La création de la paroisse religieuse de Saint-Damien-de-Buckland fait suite aux efforts de colonisation entrepris par des membres du clergé à la fin du 19e siècle et remonte officiellement à 1882. Le nom de la paroisse rappelle Saint-Damien, médecin en Cilicie et martyr. Le territoire sera l’objet d’une nouvelle érection municipale en janvier 1891, lorsque la municipalité des cantons unis de Buckland-et-Mailloux deviendra la municipalité de la paroisse de Saint-Damien-de-Buckland.

Niché dans la vallée creusée par la rivière aux Billots, le noyau villageois de la municipalité se distingue par ses pentes prononcées et la présence des étangs des Sœurs en son centre. Le reste du territoire est vallonné et caractérisé par des activités majoritairement agricoles. On y trouve le lac Dion, le lac Vert et, en partie, le lac Crève-Faim.

Saint-Damien-de-Buckland (Source : Tourisme Chaudière-Appalaches)

Fondée à Saint-Damien en 1892 par l’abbé Joseph-Onésime Brousseau, également fondateur de la paroisse, et Virginie Fournier (devenue mère Saint-Bernard), la Congrégation des sœurs Notre-Dame-du-Perpétuel-Secours a joué un rôle important dans l’évolution de Saint-Damien, notamment au plan éducatif par la création de différentes écoles, dont l’école ménagère Brousseau et l’école normale de Saint-Damien (1941) qui deviendra, vers la fin des années soixante, le Collège de Saint-Damien, aujourd’hui fermé. L’œuvre du curé Brousseau comprend également la mise sur pied de la communauté des Frères de Notre-Dame-des-Champs qui assuraient, dès 1902, l’instruction des garçons orphelins. La vocation d’accueillir les jeunes s’est perpétuée avec la création, en 1957, des Pavillons des jeunes.

Source : Congrégation des sœurs de Notre-Dame du Perpétuel Secours

Autre agent de développement majeur de Saint-Damien, l’entreprise de fabrication d’objets de plastique mise sur pied par J.-Émile Métivier en 1939 et qui deviendra IPL s’est distinguée à plusieurs niveaux. Fabriquant d’abord des articles ménagers ainsi que des balais, brosses, vadrouilles et des brosses à dents, la compagnie lancera la première chaise monobloc au Canada, la première caisse de boissons gazeuses ainsi que le premier capot de motoneige en plastique, le tout avant 1971. 

Premiers employés d’IPL, 1939. (Source : IPL)

Ainsi, si le slogan officiel de la municipalité est « La campagne vivante », Saint-Damien est aussi la capitale du plastique !

Le lac Crève-Faim

Ce petit lac tout en longueur est situé à 6 km au nord-est de Saint-Damien-de-Buckland, dans la pointe formée par la rencontre de la rivière du Sud avec la rivière de la Fourche, souvent appelée, à tort, Rivière Armagh. D’une longueur de 1,3 km et d’une largeur variant de 45 m à 200 m, le lac se trouve à une altitude de 360 m. Situé en plein cœur du massif appalachien, il fait partie du bassin versant de la rivière du Sud. 

Le lac se trouve en grande partie sur le territoire de la municipalité de Notre-Dame-Auxiliatrice-de-Buckland et occupe également une petite portion du territoire de la municipalité de Saint-Damien. Son bassin versant compte près de 100 propriétaires fonciers. Il est bordé de 62 propriétés riveraines, dont 14 sur le territoire de Saint-Damien. 

Le lac Crève-Faim est le seul dans tout le Canada à porter ce nom. « Quel drôle de nom ! » dit-on… Selon la légende, un homme obligé de se rendre sur ces rives s’y trouva bloqué en hiver et serait mort de faim. D’autres hypothèses 

Le québécisme crève-faim ou creuve-faim, selon une certaine prononciation, provient du français crève-la-faim ou crève-de-faim et désigne un miséreux qui ne peut manger à sa faim ou un individu croupissant dans la misère. Le toponyme Lac Crève-Faim s’est imposé depuis au moins les années 1930. Toutefois, durant ce temps, des formes concurrentes telles Lac Crève-la-Faim et Lac St-Irénée ont également été relevées.

Extrait du plan de 1841 Rear Ranges of the Township of Buckland, par William Henderson (Source : BAnQ)

La baie des Amoureux

Cette baie étroite découpe une échancrure profonde de 125 m dans la rive nord du lac, du côté de Saint-Damien. Elle doit son nom à sa situation à l’abri des regards. Les jeunes gens qui s’y rendaient autrefois en bateau se faisaient taquiner à leur retour. L’usage de ce nom est attesté depuis au moins 1945. 

Baie des Amoureux

La baie des Sandales

Cette petite baie de forme rectangulaire d’environ 20 m sur 50 m découpe la rive sud du lac, du côté de Buckland, au bout du rang Ville-Marie. De création plus récente que les deux précédents, son nom rappelle les multiples sandales qui y ont été perdues dans la vase – et jamais retrouvées ! – par les enfants tentant d’attraper les grenouilles se prélassant sur les nénuphars. Le fond du lac dans cette baie peu profonde est en effet très vaseux et on y avance à ses risques et périls !

Baie des Sandales

Sources : Commission de toponymie

Congrégation des sœurs de Notre-Dame du Perpétuel Secours

IPL

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